24 fils !

Vu, comme je t'ai snobé, mon Tino, depuis queq' temps ? Il faut dire que le jour de ta fête, c'était brafougne totale sur ma demeure ; pas d'électricité pendant deux jours et demi, alors ambiance chandelles d'accord mais à 9°, ça m'a refroidi la romance ! Et cette trombe ! Plic-plic-plic faisaient les gouttes en tombant sur ma poubelle de cuisine, le long des murs, dans ma cheminée, transformant le tout en un espace aqualudique digne de Walibi... Et un vent, vieux frère ! Elle en a essuyé des pires, ma case, mais là, je me disais bien que nous allions décoller comme dans le Magicien d'Oz... Wuthering Heights sur ma colline, je n'attendais plus que le fantôme de Cathy qui vienne gratouiller à mon carreau...  La Vento, quand le temps tempête, elle s'arcboute sur ses appuis, serre tout ce qu'elle peut, fait la boule, implore Angela Duval de lui envoyer de la gniaque vieux marchoise millésimée, racle ses fonds de tiroir de courage en pensant à la chienne alanguie près du feu, frétillante comme un gardon de 25kg en un coup d'oeil que je lui glisse en douce. C'est l'avantage d'être ma chienne, il fait toujours grand beau dans sa tête. Tu connais le clip "Happy" qui dure 24h ? Il joue en boucle depuis 8 mois entre ses oreilles...

Je me suis donc endormie cette nuit et plein d'autres avec ta voix 24 fils de cachemire in petto, on a les Pharrell Williams qu'on peut... S'il te plaît, tandis que ça rage dehors, reprends pour moi l'historique de mes débits bancaires depuis ma première carte bleue pendant que je t'écoute en sourdine en croquant des framboises. Refais-moi le match du derby de dimanche dernier de la première à la 90e minute en m'expliquant au passage ce qu'est un corner, ça m'instruira, assise en tailleur dans mon canapé vert en velours, je bois du thé au petit lait.

Avec une voix pareille, je pourrai te pardonner ton teint nuance carotène cuivré, ton Roja plis caramel, ton front trop lisse pour être honnête, tes yeux d'iguane fourbe, ton costard de maquereau trop remonté sous les aisselles et tes espèces de fichus shamballas (en platine ?) que même mes 6e ont rangé les leurs... Mon Valentino, sache le bien : un homme, un vrai, ça marche loin de tout ces artifices. Ca porte le cheveu court et gris car "gris" rime avec "sexy" et pas du tout avec "minet". Alors aux oubliettes le Dédicace de Garnier ! Un gars comme toi, c'est déjà un peu ou pas mal ridé, c'est pas grave, ça donne envie de suivre du doigt tous tes affluents, tes deltas, tes points de confluence, ce Braille sur ta peau. Ca a le regard aiguisé car on y voit enfin clair sur certaines choses de la life à quarante piges, n'est-ce pas que c'est vrai ? Quant aux lunettes dont tu pourrais avoir besoin pour regarder un film, moi, j'aime bien, tu sais, j'ai même passé des séances de ciné l'oeil en biais tellement je trouvais ça charmant... mais c'était dans une autre vie, hein. D'ailleurs, avec ou sans lunettes, tu la vois pas venir de loin, la Ventoline, la musette allégée de quelques boulets, qui cherche à t'embobiner au petit point avec ses histoires cousues de fils pas très blancs ??

T'as souri, Valentino, ne dis pas non. 

Bel arc en ciel sur ton front,

Le soleil revient, dis ?

Ventoline

L'auteur remercie monsieur Valentino, couturier italien, d'avoir patiemment pris la pose pendant la rédaction de cet article, sans ciller, mais avec toute cette toxine botulique, c'est facile, faut pas charrier.